Sport : Peut-on devenir champion à la campagne ?

Telle est la question que pose l’histoire de Milo, un adolescent talentueux, ex-lutteur de  bon niveau mais pour qui l’accessibilité géographique des clubs est difficile .

Les origines de la lutte se confondent avec celles de l’humanité.  Il en existe un très grand nombre de variétés mais on peut en distinguer trois principales : la lutte libre (LL), la lutte gréco-romaine (GR) et la lutte féminine (LF). La lutte gréco-romaine est très certainement la discipline sportive la plus ancienne qui puisse encore exister. La lutte est un sport qui se pratique corps à corps dont le but est de faire tomber l’adversaire au sol au moyen de combinaisons  technico-tactiques et de maintenir les deux épaules plaquées au tapis.

Mais l’accessibilité au club d’entraînement peut empêcher la carrière de certains enfants  de prendre son essor, comme c’est peut-être le cas de Milo. Milo est un ancien lutteur de haut niveau. Il a commencé la lutte en 2017 à l’âge de 7 ans à la Clayette. Il a pratiqué la lutte pendant  quatre ans puis il a arrêté en 2021, après avoir remporté la même année, en 2019, les titres de champion de Saône-et-Loire et vice-champion de Bourgogne.

Ce qui a conduit Milo à arrêter la lutte c’est qu’il ne pouvait pas faire de vrais combats ni pratiquer la lutte à son niveau.  Il vivait trop loin pour se rendre aux compétitions. Le domicile de Milo se situe en effet à 75 kilomètres (1h30 de trajet) du club  de lutte départemental le plus proche de chez lui, soit à Chalon-sur-Sàone. Cela était donc devenu compliqué pour Milo de continuer ce sport.

Milo s’entraînait deux fois par semaine pendant une heure. Pendant ses quatre ans de lutte, Milo a été médaillé deux fois en départemental, une fois en régional et plusieurs fois au sein du club de Clayette. Il n’a pas eu de blessures importantes pendant ses quatre ans.

Milo, 4e, champion de lutte

Milo a pratiqué la lutte pour se défouler, pour savoir pratiquer un sport de combat et pour mieux se défendre dans la vie de tous les jours. Il a essayé de se convertir à la pratique de la boxe mais cela ne lui a pas plu. Mais il en pratique encore chez lui avec son père. Milo a eu des regrets d’avoir arrêté la lutte. Il voudra peut-être reprendre, si l’occasion se présente dans un bon club ou près de son futur lieu d’études après le collège.

On peut atteindre un excellent niveau sportif en vivant à la campagne mais le manque d’accessibilité aux clubs de haut niveau peut empêcher la carrière de certains enfants comme c’est le cas de Milo. Peut-être qu’à l’avenir, la Fédération française de Lutte mettra en place des navettes, plus de détection dans les campagnes ou construira des bâtiments pour enseigner lutte à la campagne ? Peut-être que d’autres institutions viendront aussi se pencher sur cette question ?

Théo et Firmin

Une enfance de sportif

Christophe Guénot, médaillé en lutte gréco-romaine avec son frère Steeve aux jeux olympiques le 13 août 2008, est originaire de Saône-et-Loire et a grandi à la campagne, comme Milo. Il retrace ici son parcours et témoigne des avancées mises en place par la Fédération française de lutte.

 

C’est en plein Championnats d’Europe, à Bucarest (Roumanie), où il accompagne un joueur finaliste, que Christophe Guénot prend le temps de téléphoner pour raconter son expérience.

Christophe et son frère Steeve Guénot habitaient à 20 kilomètres du club de Chalon quand ils étaient plus jeunes (Champforgeuil) et c’était leur père qui les emmenait en voiture aux entraînements 2 à 3 fois par semaine. Plus tard, ils ont intégré un pôle espoir. Steeve à Font-Romeu (Pôle espoir) à l’âge de 12 ans, puis Christophe au pôle France de Dijon à l’âge de 14 ans. Il fallait qu’il s’éloigne et qu’il s’intègre un Pôle pour avoir des partenaires et adversaires de bons niveaux et pour s’entraîner de manière quotidienne.

« Aujourd’hui la Fédération aide les athlètes qui intègrent les Pôles mais il faut d’abord être détecté et devenir sportif de Haut-Niveau, c’est-à-dire être champion au niveau national. »

Enfants, ils faisaient partie d’une fratrie de cinq garçons qui ont tous fait de la lutte, dont deux, Steve et lui, ont réussi à devenir professionnels. Leur père lui-même était un lutteur de haut niveau (national) mais est toujours resté amateur. Leur père était donc très investi dans le club, pour accompagner ses fils, entraîner, etc. D’après Christophe, c’est ce qui lui a permis, ainsi qu’à son frère, de pouvoir suivre les entraînements plusieurs soirs par semaine, malgré les embouteillages notamment. Il est allé ensuite en sport-études à Dijon. Là il a dû, avec sa famille, financer tous les
frais liés à ses études (train, bus, internat…). La passion de son père a fait que celui-ci a accepté toutes les difficultés (temps passé dans les transports, embouteillages, tous les frais) pour soutenir ses fils.

Aujourd’hui, Christophe Guénot sait que la fédération repère des jeunes au niveau national (plutôt ceux qui sont sur le podium -or, argent ou bronze- dans les championnats de France) pour les aider en payant 50% des frais d’internat en sport-études, soit à Font-Romeu pour les catégories U13 à U17, ou Dijon (jusqu’en U20) ou à Paris (INSEP) pour les séniors.

Christophe Guénot rappelle que la lutte est un sport peu connu et peu pratiqué en France. D’après lui, la plupart des jeunes qui la pratiquent le font soit parce que les parents la pratiquent (ou l’ont pratiquée), soit parce qu’il y a un club à proximité et qu’on a des copains pour covoiturer et se soutenir.

Firmin et Théo